Je ne veux pas tomber dans la fausse modestie, ni dans la prétention, mais je pense pouvoir affirmer que je contribue. Je contribue, c'est-à-dire que je participe bénévolement à tout un tas d'activité. Je ne suis nullement le premier, et pas moins le dernier non plus. Certains sont plus philanthropes, d'autres moins. Par contre, je peux remarquer que ces actions passent majoritairement par un outil : l'internet.
Ma première connexion à internet, ce fût il y a presque 15 ans maintenant. Cette étape a sans doute changé le sens que je donnais au monde. Avant, je ne contribuais pas, mais j'étais sans doute trop jeune, quoique... Il est possible qu'internet est apparu comme un moyen facilitant la contribution.
Contribuer, je l'ai fait rapidement, et dans un parcours d'action que je trouve incroyable. Je me souviens de mes débuts sur des fora scientifiques où j'ai notamment pris une petite responsabilité d'animer une section proposant des exercices et où on aidait les gens à les résoudre. Quand je suis résolument rentré dans ma formation scientifique, j'ai cessé cette activité, mais j'en ai trouvé une autre. Découvrant GNU/Linux de zéro, je me suis mis à améliorer le doc de ma distribution. C'est un travail titanesque, presque sans fin, et très prenant. Ensuite, j'ai lentement glissé vers l'aide au débutant quand je me suis senti plus à l'aise, mais loin d'être un expert. Souvent, je ne connaissais pas la réponse, je la cherchais presque à la place de l'interlocuteur. Il fût un moment où j'ai eu envie de changer d'air, ce qui a correspondu à l'apparition de ce blog, toujours pour partager et dans l'idée de creuser des sujets plus techniques. Après mûres réflexions, j'ai rejoins l'April où je me suis fait attrapé par un autre wiki que j'ai maintenu jusqu'à ces derniers temps. J'ai suivi les activités de l'April (je les suis toujours), parfois j'ai essayé de participer lorsque c'était possible. Depuis plusieurs années, j'avais envie de participer à l'écriture de codes. Peu importe l'objectif. C'est ce que je fais désormais. D'abord avec des petits projets persos, pour se faire la main, et des projets collaboratifs comme scikit-image.
Il y a des invariants dans chacune de ces étapes. Remarquons déjà qu'à chaque fois, je prends une activité, je la maintiens, puis je me désengage. Finalement, pourquoi est-ce que je contribue ? Est-ce un pur don de soi ? Non, ça n'est jamais le cas. A chaque étape, j'ai cherché quelque chose. Apprendre la pédagogie en rédigeant, en aidant. Apprendre à utiliser un outil; quoi de mieux que de résoudre des problèmes pour apprendre ? Apprendre à travailler ensemble. S'ouvrir l'esprit en rencontrant des personnes que je ne verrais pas autrement. Et ces gens sont sacrément intéressants !
Les motivations sont là. Contribuer, c'est avant tout se nourrir, acquérir. Ce qui est bon, c'est qu'on donne en même temps, car l'autre est nécessaire, il permet la réflexivité. C'est le miroir qui renvoie les erreurs. Si je fini par me détourner d'un engagement, ce n'est pas qu'il ne vaut plus la peine ; c'est que j'ai le sentiment que je dois apprendre autre chose, et que je ne pourrai pas l'apprendre là. Alors, j'avance.
Je disais plus haut, "peu importe l'objectif". Je dois préciser. Si l'objectif final n'est pas le plus important à mes yeux, il se doit de respecter une certaine éthique. La première est que quelqu'un doit en bénéficier, à un moment ou à un autre. Plus le nombre de bénéficiaires augmente, plus la cause semble crédible. Je me renseigne aussi au préalable du positionnement de la communauté car une large partie des contributions se font à plusieurs. Là, ma principale question est de savoir si je vais m'embarquer dans un projet qui réinvente la roue ou si elle tente de combler une lacune.
Il en résulte que je pense pouvoir affirmer aujourd'hui que mon bénévolat a un retour significatif sur ma vie personnelle et professionnelle. Chaque jour, j'utilise des savoirs, des compétences issues de mes contributions.
L'internet n'est pas étranger dans cette expérience. Si sans lui, j'aurai pu m'engager dans telle ou telle activité, le pas vers la contribution aurait-il été aussi facile ? Aurais-je réussi à trouver des projets qui me permettait de développer cette compétence là très pointue ? Michel Serres dit qu'internet change notre espace. Dans le monde matériel, nous sommes dans un espace euclidien ; dans le monde de l'internet, tout est proximité. Les distances sont rompues. Quelle invention ! Si à mes ancêtres je leur avais annoncé que nous construirions un outil capable d'abolir les distances entre les humains, j'aurais été pris pour un fou ou un rêveur. Je suis devenu un contributeur.
Un billet récent pouvant éclairer celui-ci : * http://www.davidmanise.com/les-5-qui-prennent-soin-du-monde/